À l’entendre, Vincent Emond ne dessine pas. Il « gribouille ». C’est invariablement le terme qu’il emploie lorsqu’il parle de ses dessins. Ceux que ce dernier d’une fratrie de trois garçons faisait, enfant ou adolescent. Ses personnages inspirés de la science-fiction ou de la fantasy ? Des « bestioles », selon l’intéressé.
Il a en tout cas osé les sortir au grand public, début octobre, à l’occasion de l’expo Art’Lune. Il était invité par Frantz, le sculpteur instigateur et ami du jeune père de famille de 34 ans. Là, le dessinateur-illustrateur, qui se dissimule sous le pseudo Vincent Gribouillis, a osé sortir ses totems bicolores, ses visages aux yeux exorbités, ses créatures « Cthulhu », nées sous la plume de l’écrivain H.P. Lovecraft. En béton cellulaire ou en pâte Fimo, ils ont pris de la couleur avec de la peinture acrylique. « Les premiers modèles en 3D que j’ai réalisés étaient en pâte à papier. Mais je suis vite passé à autre chose », note ce natif d’Azerailles, revenu dans sa commune natale voilà six ans.
Vincent a vraiment commencé à se créer son propre univers à l’adolescence. « À l’époque, mon frère Jérôme faisait des maquettes d’avions, de chars. Je le suivais. C’était aussi la découverte des jeux de rôle. Cela fait appel à l’imaginaire. À partir de ce moment-là, j’ai commencé à fabriquer mes propres maquettes, à créer des décors, à inventer des histoires », rapporte le papa de Zoé, 6 ans et Hector, bientôt 4 ans.
Pour parvenir à ses fins, le chauffeur de poids lourds joue à fond le recyclage. Même Anne, son épouse, collabore indirectement : ses bijoux cassés ne finissent pas aux rebuts mais, réimplantés, d’une nouvelle teinte, vivent de nouvelles aventures !
Première fresque à Boutet-de-Monvel
Avec lui, un morceau de ventilation se transforme en bouche d’égout. Les balles de ping-pong forment de fabuleux yeux de monstres. Des coquilles de noix deviennent « une coquille d’œuf de laquelle sortirait un alien pour manger des petits humains », s’amuse le créateur, qui fait aussi le bonheur de ses enfants. L’aînée détient en déco une tête de dragon, rose fuchsia. Dans la chambre, une fresque enfantine personnalise leur antre. « La première que j’ai faite, c’était au lycée Boutet-de-Monvel », indique le recalé des Beaux-Arts, peut-être en raison de son trait de crayon pas assez académique. Le bouche-à-oreille fonctionne en tout cas : il n’est pas rare que Vincent apporte une décoration personnalisée dans les chambres d’enfants de ses copains.
T-shirts personnalisés
Même souci de cadeau unique dans les dessins de chat, dragon (toujours !), chauve-souris ou moto pour un fan de deux-roues qui ornent les T-shirts adulte ou enfant, les cadeaux de naissance. « J’ai juste voulu essayer. La peinture sur tissu se fixe au fer à repasser », indique le dessinateur, presque étonné de la demande qu’il peut avoir en la matière. « J’ai les idées. Je manque de temps pour les mettre en pratique ».
Voire même de confiance en lui. Vincent Gribouillis, alias Vincent Emond, doute de son coup de patte pourtant pas imaginaire mais bien réel.
